Reflexions sur le plagiat - Thierry Ardisson
Réflexions sur le plagiat - Le cas thierry Ardisson (concepteur rédacteur de 1972 à 1987)
"Zinzolin", c'est le terme qui selon les Confessions page 292 , a été à l'origine d'un mini scandale, lors de la sortie de Pondichéry.
A l'époque, l'écrivain avait avoué sur Europe 1 qu'il avait copié 6 pages d'un autre livre. Fidèle à son style direct, Ardisson raconte comment l'aveu du plagiat lui a coupé les ailes.
Confessions, page 293 :
« Là, normal, j'en prends plein la gueule. C'est clair, ceux qui n'avouent pas, on les fait pas chier autant. Si j'avais nié, on m'aurait cassé les couilles pendant trois semaines, et tout le monde serait passé à autre chose. [?] Tandis que là, c'est la curée. Et puis, on m'en parle depuis dix ans de ces dix pages recopiées sur les 300 que comporte le livre ! J'ai pris 10 piges ! Y a des jours, je ne sais pas si toutes les vérités sont bonnes à dire. »
10 ans plus tard, quelqu'un découvre qu'il a plagié au moins 10 fois plus ! Un étudiant répondant au nom de Jean Robin se serait enfermé pendant plusieurs mois voire plusieurs années, et aurait abattu un travail de titan juste pour avoir l'opportunité de rencontrer et de se confronter à Mr Tout le Monde. Que ne ferait on pas pour atteindre nos étoiles ?
Au-delà de cette polémique autour de Thierry Ardisson, on peut se demander où s'arrête l'appropriation d'une expression ou d'une phrase qui nous a marqué ou ébloui et où commence le plagiat.
Effectivement. Qui a commencé à dire : « J'avoue » pour exprimer un accord ? Comment se propage cet usage relativement récent et très probablement éphémère des expressions telles que « Mettre une disquette à quelqu'un » pour dire « Raconter des bobards » ?
Et que dire des émissions copiées sur le modèle de Tout le monde en parle ?
Le problème de la propriété intellectuelle et de sa protection a toujours existé. Mais respecter les règles à la lettre conduirait à des situations absurdes où écrire un livre nécessiterait tellement d'autorisations et de citations des sources que l'opération en deviendrait impossible parce que la mémoire humaine retient beaucoup plus facilement les expressions et les termes qui nous ont plus que les noms des auteurs qui se sont très probablement inspirés d'autres auteurs ou tout simplement de leur entourage, sans compter les influences médiatiques, cinématographiques et télévisuelles.
Je crois que les questions comme la protection de la propriété intellectuelle, ou plus probantes et plus délicates des questions comme l'euthanasie, sont des problèmes qui doivent être, dans certains cas, traitées au niveau individuel.
Oui, apparemment, Thierry Ardisson a plagié. Mais qu'a-t-il volé et à qui ? Parce qu'il y a une énorme différence entre voler le manuscrit ou même une partie du manuscrit d'un auteur cherchant à se faire éditer et s'approprier plus ou moins involontairement une expression ou même un paragraphe qui est devenu vôtre parce que vous l'avez aimé.
Ensuite, il y a une question de reconnaissance. Avouer qu'on a repris une idée, copié un passage parce qu'on a aimé peut parfois être suffisant pour rester intègre.
Alors oui, dans le cas d'Ardisson, il y a eu paraît-il plagiat. Mais y a-t-il eu pillage de propriété intellectuelle ? En l'occurrence, je crois que c'est une question que seul Ardisson doit se poser à lui-même.
Ce qui ne nous empêche pas de nous demander pourquoi, pourquoi Ardisson a copié. Je n'ai pas eu le loisir de lire son oeuvre. Mais d'après ce que j'ai compris de sa biographie, et au vu du titre d'un de ses livres (Cinémoi), je crois qu'Ardisson a toujours été tellement imprégné de littérature et de cinéma qu'il lui est arrivé au moins dans sa jeunesse de confondre la fiction et la réalité.
De mauvais esprits pourraient se demander si l'homme qui incarne à juste titre l'homme du XXIème siècle n'a pas plagié intentionnellement pour faire parler de lui...
Comment en effet croire qu'un écrivain ayant déjà largement prouvé ses talents littéraires (La bilbe, Cinémoi, Rive droite et Louis XX) ressent encore le besoin de plagier ou de copier sur ses petits copains ?
Difficile également de croire qu'Ardisson ignore qu'il ne suffit pas de faire parler de lui pour "relancer les affaires". Je ne lui apprendrai pas que tout dépend de la façon dont on parle de lui, et ce que l'on dit de lui.
Un autre passage des Confessions (page 293) où Thierry Ardisson décrit les réactions de son entourage lors de la sortie de Pondichéry dément l'hypothèse d'une quelconque préméditation ou d'une machination.
« Le plus drôle, c'est que j'ai plein de potes, des journalistes, des romanciers qui m'ont littéralement engueulé : « Thierry, quand on recopie, on photocopie pas, on paraphrase, on commence par la fin, on mélange, on rewrite, on contourne les expressions trop reconnaissables. Personne n'est débile au point de reproduire mot à mot des pages entières. » Eh ben, si : moi ! »
Ne s'agit il pas d'un masochisme inconscient qui l'a poussé à ce geste malheureux ?
Confessions, page 294
« Cette faute m'a complètement coupé les ailes. Mon intérêt pour le travail s'est effondré sous le poids d'une espèce de culpabilité sociale de petit-bourgeois, mais surtout de honte intime. Alors que j'avais connu auparavant quelques succès professionnels, je suis sortie de Pondichéry abattu, déchiré, morveux. Avec ces conneries, c'est mon désir d'écrire que je venais de bousiller pour des années. C'est ce qui pouvait m'arriver de pire. Ouais, c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute ! Ces histoires font partie de mon image. Et ce n'est pas ce que je préfère dans mon image. Pondichéry, je n'aime pas cette cicatrice-là. »
Un grand merci quand même à ce Jean Robin qui sans le vouloir nous a donné l'occasion de voir un Thierry Ardisson responsable, comme à son habitude, assumant tout avec une gravité légère et étonnante.
Même lorsque plus personne n'en parle, tout le monde en parle encore !
Un dernier mot pour terminer : que signifie zinzolin ?...Rouge violacé, d'après le Petit Robert.
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"Zinzolin", c'est le terme qui selon les Confessions page 292 , a été à l'origine d'un mini scandale, lors de la sortie de Pondichéry.
A l'époque, l'écrivain avait avoué sur Europe 1 qu'il avait copié 6 pages d'un autre livre. Fidèle à son style direct, Ardisson raconte comment l'aveu du plagiat lui a coupé les ailes.
Confessions, page 293 :
« Là, normal, j'en prends plein la gueule. C'est clair, ceux qui n'avouent pas, on les fait pas chier autant. Si j'avais nié, on m'aurait cassé les couilles pendant trois semaines, et tout le monde serait passé à autre chose. [?] Tandis que là, c'est la curée. Et puis, on m'en parle depuis dix ans de ces dix pages recopiées sur les 300 que comporte le livre ! J'ai pris 10 piges ! Y a des jours, je ne sais pas si toutes les vérités sont bonnes à dire. »
10 ans plus tard, quelqu'un découvre qu'il a plagié au moins 10 fois plus ! Un étudiant répondant au nom de Jean Robin se serait enfermé pendant plusieurs mois voire plusieurs années, et aurait abattu un travail de titan juste pour avoir l'opportunité de rencontrer et de se confronter à Mr Tout le Monde. Que ne ferait on pas pour atteindre nos étoiles ?
Au-delà de cette polémique autour de Thierry Ardisson, on peut se demander où s'arrête l'appropriation d'une expression ou d'une phrase qui nous a marqué ou ébloui et où commence le plagiat.
Effectivement. Qui a commencé à dire : « J'avoue » pour exprimer un accord ? Comment se propage cet usage relativement récent et très probablement éphémère des expressions telles que « Mettre une disquette à quelqu'un » pour dire « Raconter des bobards » ?
Et que dire des émissions copiées sur le modèle de Tout le monde en parle ?
Le problème de la propriété intellectuelle et de sa protection a toujours existé. Mais respecter les règles à la lettre conduirait à des situations absurdes où écrire un livre nécessiterait tellement d'autorisations et de citations des sources que l'opération en deviendrait impossible parce que la mémoire humaine retient beaucoup plus facilement les expressions et les termes qui nous ont plus que les noms des auteurs qui se sont très probablement inspirés d'autres auteurs ou tout simplement de leur entourage, sans compter les influences médiatiques, cinématographiques et télévisuelles.
Je crois que les questions comme la protection de la propriété intellectuelle, ou plus probantes et plus délicates des questions comme l'euthanasie, sont des problèmes qui doivent être, dans certains cas, traitées au niveau individuel.
Oui, apparemment, Thierry Ardisson a plagié. Mais qu'a-t-il volé et à qui ? Parce qu'il y a une énorme différence entre voler le manuscrit ou même une partie du manuscrit d'un auteur cherchant à se faire éditer et s'approprier plus ou moins involontairement une expression ou même un paragraphe qui est devenu vôtre parce que vous l'avez aimé.
Ensuite, il y a une question de reconnaissance. Avouer qu'on a repris une idée, copié un passage parce qu'on a aimé peut parfois être suffisant pour rester intègre.
Alors oui, dans le cas d'Ardisson, il y a eu paraît-il plagiat. Mais y a-t-il eu pillage de propriété intellectuelle ? En l'occurrence, je crois que c'est une question que seul Ardisson doit se poser à lui-même.
Ce qui ne nous empêche pas de nous demander pourquoi, pourquoi Ardisson a copié. Je n'ai pas eu le loisir de lire son oeuvre. Mais d'après ce que j'ai compris de sa biographie, et au vu du titre d'un de ses livres (Cinémoi), je crois qu'Ardisson a toujours été tellement imprégné de littérature et de cinéma qu'il lui est arrivé au moins dans sa jeunesse de confondre la fiction et la réalité.
De mauvais esprits pourraient se demander si l'homme qui incarne à juste titre l'homme du XXIème siècle n'a pas plagié intentionnellement pour faire parler de lui...
Comment en effet croire qu'un écrivain ayant déjà largement prouvé ses talents littéraires (La bilbe, Cinémoi, Rive droite et Louis XX) ressent encore le besoin de plagier ou de copier sur ses petits copains ?
Difficile également de croire qu'Ardisson ignore qu'il ne suffit pas de faire parler de lui pour "relancer les affaires". Je ne lui apprendrai pas que tout dépend de la façon dont on parle de lui, et ce que l'on dit de lui.
Un autre passage des Confessions (page 293) où Thierry Ardisson décrit les réactions de son entourage lors de la sortie de Pondichéry dément l'hypothèse d'une quelconque préméditation ou d'une machination.
« Le plus drôle, c'est que j'ai plein de potes, des journalistes, des romanciers qui m'ont littéralement engueulé : « Thierry, quand on recopie, on photocopie pas, on paraphrase, on commence par la fin, on mélange, on rewrite, on contourne les expressions trop reconnaissables. Personne n'est débile au point de reproduire mot à mot des pages entières. » Eh ben, si : moi ! »
Ne s'agit il pas d'un masochisme inconscient qui l'a poussé à ce geste malheureux ?
Confessions, page 294
« Cette faute m'a complètement coupé les ailes. Mon intérêt pour le travail s'est effondré sous le poids d'une espèce de culpabilité sociale de petit-bourgeois, mais surtout de honte intime. Alors que j'avais connu auparavant quelques succès professionnels, je suis sortie de Pondichéry abattu, déchiré, morveux. Avec ces conneries, c'est mon désir d'écrire que je venais de bousiller pour des années. C'est ce qui pouvait m'arriver de pire. Ouais, c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute ! Ces histoires font partie de mon image. Et ce n'est pas ce que je préfère dans mon image. Pondichéry, je n'aime pas cette cicatrice-là. »
Un grand merci quand même à ce Jean Robin qui sans le vouloir nous a donné l'occasion de voir un Thierry Ardisson responsable, comme à son habitude, assumant tout avec une gravité légère et étonnante.
Même lorsque plus personne n'en parle, tout le monde en parle encore !
Un dernier mot pour terminer : que signifie zinzolin ?...Rouge violacé, d'après le Petit Robert.
Ressources pertinentes :
- Forum Arrêt sur Images - France 5
- Le plagiat d'Ardisson I : le pirate d'Europe 1
- Le plagiat d'Ardisson II : le pirate de Canal +
- Le plagiat d'Ardisson III : Jean Robin, pirate et citoyen
- Le plagiat d'Ardisson IV : Le communiqué de Jean Robin
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